Pédicurie
La pédicurie regroupe un ensemble d’actes médicaux réalisés par un pédicure-podologue et qui ont pour objectif de soigner les affections cutanées (peau) et unguéales (ongles)
Ces affections de la peau rassemblent :
- Le cor : épaississement de la couche cornée qui résulte d’un trouble biomécanique de la kératogénèse, consécutif à une hyperpression sur une petite surface et caractérisé par un nucléus (noyau) plus ou moins profond, généralement en son centre.
- Le durillon : hyperkératose plus étendue que le cor, dépourvue de nucléus, que l’on retrouve le plus souvent à la face plantaire du pied en regard des têtes métatarsiennes (des articulations MTP). La périphérie est mal définie contrairement à celle du cor. Il est mobile par rapport au plan sous-jacent.
- La callosité talonnière : hyperkératose encore plus importante que le durillon, elle siège sur le pourtour du talon postérieur pour former les callosités talonnières. Elle se complique souvent de fissurations telles que :
- Les fissures : les plus superficielles
- Les crevasses : les plus profondes pouvant atteindre le derme voire l’hypoderme (peut y avoir saignement)
- Les raghades : fissures localisées le plus souvent au talon postérieur, en regard de M1 et/ou de l’Hallux et associées à un pli cutané.
- La pseudo-chromhydrose de basex : hémorragie cutanée intra-cornéenne non douloureuse évoluant souvent sur les callosités talonnières +++ en interne, mais aussi face interne de l’Hallux de la MTP 1. Le plus souvent chez les athlètes ou les personnes mal chaussées (chaussures de mauvaise qualité au niveau du contrefort), ou mauvais débord d’un élément d’orthèses plantaires pinçant les parties molles contre la tige de la chaussure.
- La verrue plantaire : lésion cutanée (tumeur bénigne) due à la prolifération d’un virus dans le derme. La pénétration du virus est favorisée par l’humidité et la chaleur ; elle se manifeste souvent par une hyperkératose, d’où la difficulté de la différencier du cor, du durillon, du papillome traumatique voire de la pseudo-chromhydrose de basex.
- Le mal perforant plantaire (MPP) : on le rencontre sur un terrain neuropathique (qui rend cette pathologie non douloureuse). Elle peut être considérée comme une complication du durillon chez le patient présentant un diabète par exemple. Il se présente souvent comme un durillon avec, à l’excision, la découverte d’une ulcération sous-jacente qui est la manifestation d’une lésion profonde de la région pouvant aller jusqu’à l’os. Le MPP est très souvent infecté, et il est souvent décrit comme une plaie atone (lorsque l’on regarde la peau, rien ne montre qu’elle est en cours de cicatrisation).
- L’intertrigos : lésion d’un pli cutané. Au niveau du pied, il siège dans les espaces inter-digitaux. En général il s’agit d’une rougeur accompagnée d’une desquamation de la peau avec possibilité de fissuration qui peut être d’origine microbienne mais aussi fongiques. Les facteurs favorisants sont les suivants : macération, manque d’aération, maladies de peau (eczéma, psoriasis) peuvent entrainer des intertrigos interdigitaux, brulures, atteinte mycosique, prurit avec lésion dues au grattage, etc.
- Le nævus (ou grain de beauté) : tumeur bénigne des mélanocytes qui peut ressembler à une hyperkératose accompagnée d’un hématome (ou hématome simplement). Dans la zone pulpaire, il ne faut pas confondre avec un début de gangrène. Le plus dangereux est le nævus achromique, sans couleur (il faut suivre leur évolution).
- La dyshidrose (forme d’eczéma) : lésion cutanée saisonnière apparaissant généralement au printemps et disparaissant en hiver. Souvent familiale, elle est palmo-plantaire et se traduit par des vésicules dont l’évolution est dans la plupart des cas favorable. Les vésicules s’assèchent et desquament. La complication principale de la dyshidrose est l’impétigo (= surinfection du contenu des vésicules).
- La phlyctène : soulèvement bulleux de la couche cornée avec accumulation de liquide séreux sous-jacent due à l’échauffement brutal et localisé en rapport avec un frottement de la chaussure sur la peau.
Quant aux affections unguéales, on retrouve :
- L’ongle incarné : pénétration du bord latéral de l’ongle dans les parties molles voisines, provoquant une réaction inflammatoire. On peut avoir un ongle incarné antérieur, qui est une pénétration du bord libre de l’ongle dans la pulpe de l’orteil.
- L’onychomycose : lésion unguéale due à des microbes végétaux classés parmi les champignons parasites (levures, moisissures ou dermatophytes). Elles s’attaquent à la plaque unguéale, mais également à son lit. La plaque unguéale atteinte peut revêtir une coloration blanchâtre, jaunâtre, brunâtre, d’aspect opaque.
- Hématome sous unguéal : collection de sang sous la plaque unguéale consécutive à un traumatisme ou à des microtraumatismes, se manifestant sous l’apparence d’une tâche plus ou moins importante rouge, violacée, douloureuse en cas de traumatisme récent ou d’une tâche marron en général indolore quand le traumatisme est ancien.
NB : quand la cause est un traumatisme violent, l’hématome entraine pour la plupart des cas un décollement de l’ongle et il peut être accompagné d’une fracture de la phalange distale.
- Phlyctène sous unguéale : consécutive à un frottement de la paque unguéale sur le lit de l’ongle du au port de chaussures trop étroites ou trop grandes ou ongles longs…, mais aussi chez les personnes âgées par onychosis. Dans le premier cas, la phlyctène se manifeste par une tache jaunâtre sous l’ongle correspondant au décollement de l’ongle. Dans le deuxième cas, la phlyctène est en général découverte lors de la coupe d’ongles.
- Cor sous et/ou péri-unguéal : décolle l’ongle souvent en distal (voir disto-latéral), on fait une coupe d’ongle en forme de V pour aller chercher le cor et fraiser les bords du V.
- Nævus sous-unguéal ou bande mélanique (en fonction de l’aspect) : grain de beauté situé sous l’ongle.
- Mélanome sous et péri-unguéal : tumeur maligne avec comme critères de gravité :
- Patient de couleur blanche
- Atteinte d’un seul ongle
- Signe de Hutchison : inflammation des bords de la bande mélanique qui apparaissent rosés, ainsi que du bourrelet proximal dans la zone matricielle correspondant à la bande mélanique.
- Tumeur glomique : peut se manifester sous l’ongle sous forme d’une tache rosée, violacée, plus ou moins foncée, hyperalgique, avec une douleur pouvant varier selon la température (plus mal quand il fait froid). C’est un glomus neuro-myo-artériel (nodule, fibrome…)
- Exostose sous unguéale : prolifération osseuse le la face dorsale de la phalange distale. Elle se manifeste par une tache blanche entourée d’un halo rosé avec douleur, par pression de la chaussure.
Des dispositifs médicaux sur mesure peuvent être posés afin de corriger la courbure excessive d’un ongle (orthonyxies) ou même d’en « recréer » un nouveau suite à sa chute ou à un traumatisme (onychoplasties).